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Photo du rédacteurDominique Durand

Lettre N° 2–Octobre 2014

La méditation : une activité à plein temps



Il n'est pas concevable de voir la méditation comme une activité partielle dans notre emploi du temps.

La méditation n'est pas une parenthèse, elle engage toute personne qui pratique, à mettre chaque acte du quotidien en relation avec le fondement de la vie. La méditation n'est pas la promesse d'un mieux, c'est l'exercice d'approfondissement intensif d'une certaine manière d'être devant la vie. Référons-nous aux propos tenus par Paul Klee à Dürckheim : « Il me semble qu'on pourrait imaginer un monde où tout se passerait comme dans mes tableaux. » Ce qui se passe dans le tableau n'est pas seulement un moment dans un atelier pendant lequel l'artiste a saisi quelque chose de la réalité sous-jacente, mais ce que veut dire Paul Klee, c'est que cette réalité préexistante révélée par l'oeuvre illumine le monde autrement. Tout comme l'art, la méditation nous introduit dans la dimension d'une présence. Cependant, l'expérience méditative de cette dimension n'est rien, si elle ne pénètre pas profondément dans la racine de notre quotidien. Paul Klee nous interroge ainsi sur l'attitude méditative, qui ne concerne pas seulement un temps donné, chaque jour, mais notre vie entière.

Créer une relation plus vivante à notre existence n'est pas le fait du seul moment de méditation que nous accomplissons chaque jour. L'expérience éphémère ne suffit pas, la méditation doit nous engager dans une autre manière d'être et de vivre, c'est un souffle d'inspiration qui impacte l'ensemble de l'agir et du non-agir. Giacometti révèle ce mouvement intérieur qui, ressenti dans l'acte pur de créer, s'épanouit au-delà de l'atelier dans cette manière toute particulière d'envisager le monde : « Au fond, je ne travaille plus que pour la sensation que j'ai pendant le travail. Et si après je vois mieux, si en sortant je vois la réalité légèrement différente, au fond, même si le tableau n'a pas beaucoup de sens, moi j'ai gagné de toute manière. J'ai gagné une sensation nouvelle, une sensation que je n'avais jamais vue. »

La méditation ne nous permet pas « d'abandonner la surface de l'existence pour gagner les profondeurs de la réalité essentielle »* pour seulement 25 minutes par jour, elle initie un processus de transformation qui se traduit par une « certaine manière d'être là »*, elle n'en demeure pas moins le terreau de cette transformation de par l'intime rencontre qu'elle favorise avec l'indicible. Qu'est-ce que la voie spirituelle ? « Un profond travail sur soi qui nous met en contact avec l'indicible et transforme notre rapport à l'existence. »* L'assise en silence n'est pas un moment à part, méditation et vie ordinaire sont une seule et même activité.


*Ref : Karlfried Graf Dürckheim

*K. G. Dürckheim donne lui-même cette expression comme synonyme du mot corps.

*K. G. Dürckheim

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