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Photo du rédacteurDominique Durand

Lettre N° 4–Mars 2015

« Chaque instant est un instant de plénitude » (Dogen)



Il y a quelques semaines, un certain 11 janvier, des milliers de personnes descendaient dans la rue, et, de toute évidence, sous le couvert de revendications idéologiques, ces manifestations silencieuses témoignaient d'un désir de plénitude, d'ordre et d'unité. Une volonté certaine de répondre à l'absurde, au non sens, aux oppositions religieuses et raciales par une présence, une simple présence, une simple manière d'être là.

Qui n'a pas été sensible à ces déferlantes humaines dans les rues, tout à fait inattendues et spontanées et qui ne faisaient qu'exprimer la nostalgie de l'universellement humain ? Ces manifestations étaient l'expression d'une Force (du « numineux », dirait Rudolf Otto), qui cherchait à se manifester et qui n'était que la correspondance de Celle, invisible, qui relie chacun à son noyau essentiel.

Ce jour-là, l'unité cherchant sa voie d'expression à travers le collectif, était une manifestation de l'Etre ; la reconnaissance, inconsciente certes, de l'appartenance à une loi universelle, celle qui relie un être humain à un autre être humain de par le fait même qu'il est un être vivant.

Dürckheim l'a souligné, beaucoup d'hommes sont impliqués dans leurs devoirs et leurs exigences éthiques, mais ils n'ont aucune idée de la dimension cachée de l'existence.

La quête de ce 11 janvier, cette « poussée » dirait Dürckheim, ne saurait être seulement idéologique, elle est essentielle. Cependant, chaque individu s'étant approprié le slogan « je suis Charlie », poursuit sa vie dans l'ignorance de l'essentiel : « Je suis Bouddha » ( pour reprendre le chant de maître Hakuin lu à chaque sesshin : « Au plus profond de leur être les hommes sont Bouddha... »).

Si nous sommes invités à reprendre la méditation chaque jour, ça n'est pas pour nous identifier à Charlie ou à Bouddha, c'est pour reconnaître ce qui agit dans la profondeur à notre insu, pour souligner que ces moments d'exception éclatent parce qu'une aspiration secrète à ETRE, réside dans le coeur de l'homme à tout instant. Dürckheim l'explique en ces termes : « La méditation, en tant qu'attitude de vie, a un sens bien particulier : elle est la forme que prend dans notre conscience, une attention vigilante à ces forces en nous et autour de nous, qui vont au delà du monde figé, dominé et maîtrisé par notre volonté et notre action ».

L'homme descendu ce 11 janvier dans la rue, au même titre que chaque être humain, porte en lui l'image de « celui qu'il doit devenir » et les quelques minutes d'assise quotidienne nous engagent à reconnaître cette image.

La méditation, un trait d'union nécessaire entre l'essentiel et l'existentiel, entre tout ce qui semble « fort » et tout ce qui apparaît « banal ». Même si certains pensent que l'esprit du 11 janvier est retombé, l'exercice méditatif nous permet d'expérimenter que la poussée de l'être est toujours à l'oeuvre.

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